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25 septembre 2011 7 25 /09 /septembre /2011 15:38

UNE HISTOIRE EXEMPLAIRE

 

Il y a quelques temps, j’assistais à une séance de signature dans une grande librairie de ma zone géographique.

L’auteur d’un premier livre, une très jolie quarantaine, mère de famille en poste culturel à la mairie d’une très, très, très grande ville de France nous exposa avec infiniment d’humour la genèse de l’édition de son ouvrage.

 

Ce livre, dit-elle est en grande partie autobiographique car il met en scène une très vieille dame, mon arrière-grand-mère, centenaire en train de quitter ce monde et moi-même toute jeune mère de famille venue par devoir, affection et curiosité vivre avec elle ces derniers instants si importants.

Je n’en suis pas, bien entendu, le personnage vedette mais son miroir légèrement impertinent. C’est pourquoi je n’utilise le terme «autobiographie» qu’avec circonspection et un peu de gène car si j’ai tenté de penser et parler à la place de mon héroïne mourante, je n’ai pu, c’est bien évident pénétrer réellement son cerveau...../....

 

De fait ce livre, peu épais, en dépit de la gravité du propos, se révèle alerte, très bien écrit en phrases courtes et percutantes, plein d’émotion, de poésie et ma foi, assez drôle !

Il fait partie des œuvres en exergue de la rentrée littéraire.

 

°°°°°°°°°°°°°

 

Je fais comme Racine, référence aux Plaideurs :

Chicaneau

Voici le fait. Depuis huit ou dix ans en ça......../.....

 

°°°°°°°°°°°°°°

 

......./........J’ai rédigé le manuscrit de ce livre il y a maintenant onze ans. Naïve et confiante je l’ai fait parvenir à une maison d’édition ayant à Paris pignon sur rue et réputation de découvreur d’auteurs sinon de talents. Cinq mois plus tard je recevais une lettre aimablement impersonnelle me disant que mon travail ne manquait pas de mérite mais qu’il ne s’inscrivait malheureusement pas dans l’actuelle ligne éditoriale de la maison. Pourquoi s’offusquer ou s’inquiéter ? N'étais-ce pas normal qu’un éditeur veuille conférer un certain style à ses collections romanesques ?

Sans me décourager je contactais une autre maison qui mit six mois à me répondre me réclama un chèque pour les frais de retour de mon manuscrit et me confirma que celui-ci n’entrait hélas pas dans sa ligne éditoriale. La similitude des deux lettres reçues m'intrigua et je me renseignais pour savoir si par hasard l’une des maison n’était pas discrètement filiale de l’autre. Il n’en était rien et le mystère demeura.

Au cours des six années suivantes je me fis jeter seize fois par chaque éditeur contacté et reçu seize lettres toutes semblables à quelques variations près et me confirmant chaque fois que mon manuscrit ne correspondait pas à la ligne éditoriale qui était la leur. Tous me réclamèrent des frais de retour du manuscrit ! Naïve peut-être mais un temps seulement j’en ai conclu que l’Édition Française était une Maffia où tous se serraient les coudes, parlaient et écrivaient d’une seule voix et ne déroulait le tapis rouge que devant une signature garantissant d’avance un retour sur investissement d’au moins cinquante mille exemplaires vendus. S’y ajoutaient quelques miraculés et quelques bons jeunes auteurs dûment pistonnés, fils de Cardinaux ou de Présidents.

Peut-être, à l’instar des bons vins de garde, les manuscrits littéraires gagnent-ils à vieillir à l’abri du soleil et dans la température constante et sombre d’un tiroir oubliette.

Je ne sais trop mais le mien murissait ainsi depuis six ans et toujours aussi combatives pour mon aïeule maintenant décédée, je décidais de retourner dans l’arène.

Je finis par trouver une petite maison d’édition du Languedoc qui enfin, s’intéressa à mon manuscrit et décida de l’éditer honnêtement à compte d’éditeur, sans chausse-trappe ! Ils m'établirent une très belle couverture  et firent l’impossible pour faire naitre ce capricieux objet. Au bout de trois ans ils renoncèrent considérant qu’ils courraient à la faillite. Cette fois, c’en était trop et j’abandonnais !

J’avais à Paris une amie très chère à qui j’avais remis un exemplaire du manuscrit juste pour satisfaire sa curiosité. Me trouvant brièvement de passage dans la capitale je lui téléphonais pour organiser une rencontre et elle me fixa rendez-vous dans un de ces cafés un peu intello de la jungle culturelle. Nous passâmes deux heures délicieuses ensemble et elle profita de cette rencontre pour me restituer le livre maudit.

Quand nous nous quittâmes, stupidement, je l’oubliais sur la table et n’y pensais plus.

 

Le gérant du bar se piquait de belles-lettres et d’un goût certain pour les arts en général. Il trouva le manuscrit, le rangeât et un soir de désœuvrement en entreprit la lecture. Il fut conquis et connaissant beaucoup de monde dans la faune qui hantait le lieu, il le confia pour avis à un client ami, directeur de collections chez l’une des plus anciennes et prestigieuses maisons d’édition parisiennes.

 

J’étais partie en vacances retrouver mes enfants dans ma province natale quand stupéfaite je reçu un mail de deux pages sous en-tête de la dite prestigieuse maison d’édition me disant son enthousiasme à la lecture de mon manuscrit et son désir urgent de signer avec moi un contrat d’édition en bonne et due forme. Choquée, interloquée de savoir ainsi ma production littéraire en libre circulation dans les rues parisiennes je repris mon bâton de pèlerin et regagnait la Capitale. Tout alla très vite. Ce livre sort en librairie dans trois jours ; mais diffusé en avant première quarante mille exemplaires sont déjà vendus et moi, je signe des dédicaces à tour de bras sans très bien intégrer ce qui m’est arrivé. 

C’est bien vrai qu’on vit une époque merveilleuse !

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